L’intérêt porté par le projet LQM aux pratiques littéraires en contexte numérique suppose également un regard amont : si ces pratiques ont cours aujourd’hui, elles sont néanmoins héritières des expérimentations et publications réalisées au fil des années depuis la démocratisation des outils informatiques. Il existe ainsi un patrimoine littéraire numérique, et le Québec ne fait pas exception. La connaissance de ce corpus (non encore établi) et la prise en compte de ses enjeux (à commencer par la variété de supports médiatiques et technologiques) sont au fondement de ce chantier. Un des premiers obstacles pour répondre à cette question est l’accessibilité des œuvres. Une partie des œuvres et des discours critiques tend à disparaître pour des raisons humaines, pécuniaires ou technologiques. Vient ensuite la question de leur identification, rendue ardue par une absence de dépôt légal, de catalogage et de faible recension critique. Avec un regard autant historique qu’actuel, les différents projets tentent aussi de faciliter la découvrabilité du corpus littéraire numérique du Québec.
Ainsi, pour entre autres archiver et mettre en valeur des œuvres audios et vidéos passées anciennes et inédites, la plateforme Opuscules a été créée. La base de données Catalogue des œuvres littéraires numériques du Québec (COLiN) permet de recenser les œuvres et de les décrire. Le Répertoire des écrivain·es numériques ne s’applique pas seulement qu’au Québec, mais il permet de colliger des informations sur des praticiens et praticiennes du numérique. Créer du lien a mis en valeur la littérature québécoise en ligne, en vue d’en favoriser la découvrabilité.
De plus, pour parvenir à tracer ce patrimoine et à le constituer, plusieurs colloques et journées d’étude sont organisés et des articles scientifiques sont rédigés. Une périodisation provisoire est en cours d’élaboration.
Puisque plusieurs projets participent à ce grand chantier, nous avons eu la volonté de rendre interopérables les plateformes liées à LQM, avec entre autres la création d’un vocabulaire descriptif commun.
À terme, le chantier vise à faciliter les travaux des chercheurs·euses, à valoriser la création littéraire native numérique et à livrer au public un ensemble cohérent de ressources sachant mettre en valeur des productions culturelles dont le support, s’il est parfois présenté comme une voie d’avenir, peut la plupart du temps s’avouer éphémère.