Projet de démarrage de la cochercheuse Eleonora Acerra (UQAT)
Le souvenir de lecture, entendu comme un énoncé rétrospectif concernant les œuvres et le soi lisant (Louichon, 2009), a été largement interrogé, tant d’une perspective littéraire, sociologique et historique, que didactique, à partir de témoignages, autobiographiques ou romancés, de grand·e·s lecteur·rice·s, d’écrivain·e·s, d’élèves ou d’étudiant·e·s.
Ces analyses ont permis de questionner la mémoire lettrée, les liens intimes et singuliers qui s’établissent entre un sujet et un texte, ainsi que la portée d’éléments fréquemment évoqués et supposément fondateurs de l’identité lectorale: la mémoire du livre en tant qu’objet physique; les lieux et les temps d’une lecture percutante; le rôle d’une figure médiatrice de la culture livresque durant l’enfance; la trace laissée «après coup» (Louichon, 2009) par des intrigues et des personnages, ou bien par des genres, des formes ou des styles marquants; les projections de soi et de son vécu dans le texte fictionnel.
Mais qu’en est-il du lecteur numérique? Quel est son premier souvenir lié à une rencontre littéraire numérique? À quels lieux, situations, personnes ou expériences est-il associé? Quels effets a-t-il eu sur la vie et l’identité lectorale de son auteur·rice? De quels personnages, genres et évènements fictionnels est-il composé? Quelles sont les œuvres que l’on garde en mémoire?
Dans ce projet, nous souhaitons répondre à ces questions en interrogeant les souvenirs de lecture littéraire numérique d’un échantillon de grand·e·s lecteur·rice·s, francophones et anglophones, ayant le triple profil de lecteur·rice·s, d’écrivain·e·s numériques et d’enseignant·e·s chercheur·e·s dans les domaines de la littérature, de la communication ou de l’art numérique.
Par l’analyse de leurs propos, recueillis via un questionnaire et des entretiens semi-directifs portant sur leurs souvenirs marquants, leur bibliothèque numérique, leurs pratiques de lecture et le corpus utilisé dans l’enseignement universitaire, nous offrirons un premier portrait de ce qui peuple les «rayons imaginaires des bibliothèques intérieures» (Louichon, 2010) du sujet lecteur numérique.