Le séminaire de recherche mensuel de la LPCM, «Dans l’atelier des chercheur·se·s en littératures populaires et culture médiatique», vise à favoriser les rencontres et les échanges entre les chercheur·se·s qui se spécialisent dans l’analyse des cultures populaires et médiatiques, quel que soit leur ancrage disciplinaire (littérature, sciences de l’information et de la communication, sociologie, histoire, économie, musicologie, humanités numériques…) et leur objet d’étude (littérature, bande dessinée, littérature jeunesse, cinéma, séries télévisées, productions transmédiatiques, musique, jeux vidéo, jeux, figurines, images…).
Séance 1 – Jeudi 16 novembre 2023, 17h-19h: Humanités numériques et fictions de genre
Lieu: Pôle Métiers du livre de Saint-Cloud (Paris), salle de réunion, 2e étage / En ligne sur Teams
Lien de connexion: pour obtenir le lien de la réunion et suivre à distance cet événement, merci de bien vouloir écrire à l’équipe organisatrice via l’adresse mail de contact: atelierlpcm@protonmail.com
Interventions:
Emmanuelle Lescouet (Université de Montréal): «Penser les corpus de l’imaginaire avec les humanités numériques»
Les cultures de l’imaginaire sont d’une grande diversité, tant dans leurs formes et formats que dans les sujets abordés. Cette créativité est notamment rendue possible par leur capacité à rassembler des œuvres très variées, qu’il s’agisse d’œuvres filmiques et audiovisuelles, de livres papier et numériques, d’œuvres sonores, de fanfictions, sans oublier les applications, natives ou web, les jeux de société et vidéo. Si cette diversité de formes et de supports autant que leur nombre rendent difficile une étude d’ensemble, elle interroge également sur comment les rassembler et les manipuler au sein d’un lieu de corpus unifié. Les humanités numériques, elles, se consacrent principalement sur l’étude des méthodologies et outils permettant de mieux comprendre des objets d’étude tout en ouvrant la recherche à d’autres perspectives. Mais, en se concentrant sur les études de corpus ou de balisage rapproché, du type TEI, elles ne se sont pas encore intéressées aux cultures de l’imaginaire, alors que la construction d’une méthodologie adaptée, et surtout, son ouverture à la participation et aux contributions représente, pour ces cultures, une véritable opportunité de recherche nouvelle.
Dans cette optique, cette intervention présentera un projet de base de données, le Répertorium, consacrée aux corpus de l’imaginaire. L’objectif de ce projet est de rassembler des corpus étendus et thématiques tout en en permettant une observation globale. Au cours de cette présentation, Emmanuelle Lescouet exposera les méthodes de constitution des bases de données, de la mobilisation des API (professionnelle comme Catalyst, ou personnelles comme AO3) et des utilités possibles d’un tel projet, pour la recherche et pour les milieux professionnels (enseignement et édition, notamment). Les enjeux de nominations et de curations des données soulèvent en effet des questions partagées et interdisciplinaires, et la possibilité d’étendre un tel projet aux collaborations, notamment par la simplification des processus et la mise à disposition des résultats, ouvre la discussion sur les communs de la recherche et la mobilisation des outils numériques libres. La première phase s’est concentrée sur Star Wars et permet actuellement de montrer concrètement la méthodologie et ses enjeux. Il est ainsi possible d’observer les évolutions des publications – professionnelles ou fan-made – en fonction de plusieurs aires de l’univers étendu; l’évolution des formes et leur diversification au fil du temps et des phases de l’univers; la représentation des créateur·rice·s dans les différentes formes narratives, etc.
Emmanuelle Lescouet est doctorante et chargée de cours en littérature à l’Université de Montréal. Son projet s’intéresse aux gestes de lecture en environnement numérique, à la lecture de divertissement et d’immersion. Elle coordonne le Répertoire des Écritures Numériques. Elle est chargée de cours au Département de littératures de langue française et membre de plusieurs laboratoires: CRCEN, LQM-Littérature Québécoise Mobile, LAB-yrinthe, Laboratoire des cultures de l’imaginaire.
Raphaël Luis (ENS Lyon): «Un possible canon contemporain des littératures de genre : plongée dans la base de données de Sens Critique»
Cette communication se propose d’interroger les apports possibles dans l’étude des littératures de genre d’un domaine en pleine expansion dans le monde universitaire anglophone, le digital social reading. Croisant les études de réception avec les outils de data-mining, ces travaux s’appuient principalement sur la plateforme Goodreads pour analyser l’expérience de lecture contemporaine. Inspirés par certains travaux du Stanford Lab ou du Journal of Cultural Analytics, nous souhaiterions réfléchir à la possibilité d’utiliser la base de données du site français Sens Critique pour construire une analyse du canon contemporain des littératures de genre : que nous disent les notes de milliers d’utilisateurs de la popularité de ces littératures? Dessinent-elles un tableau profondément différent de celui du prestige universitaire de certaines œuvres de genre? Permettent-elles de faire apparaître un canon spécifiquement français? La communication consistera en la présentation de certains résultats statistiques, mais cherchera surtout à ouvrir certaines pistes sur les atouts et les limites théoriques d’une telle approche.
Raphaël Luis est maître de conférences en littérature comparée à l’ENS de Lyon. Il a publié un ouvrage intitulé La carte et la fable. Stevenson, modèle d’une nouvelle fiction latino-américaine (Bioy Casares, Borges, Cortázar) (ENS Editions, 2018) et de nombreux articles sur Robert Louis Stevenson, la littérature latino-américaine et les littératures de genre. Il a également co-dirigé les ouvrages pluridisciplinaires Le Préconstruit (Classiques Garnier, 2017) et Mythologies sportives d’aujourd’hui. Le football et ses langages (Hermann, 2021) ainsi que le numéro de la revue Recherches & Travaux «Stratégies littéraires et littératures de genre» (à paraître, automne 2023).
Organisateurs·rices: Fanny Barnabé (Université de Namur), Marie-Lucie Bougon (Université d’Artois), Marion Coste (CY Cergy Paris Université), Victor Faingnaert (Université de Caen-Normandie) Anaïs Goudmand (Sorbonne Université), Sarah Ghelam (Université Paris Nanterre), Aurélie Huz (Université Paris Nanterre), Alice Jacquelin (Université Paris Nanterre), Marc Vervel (Université Paris Cité).