Conférence de David Martens (KU Leuven - MDRN & RIMELL), dans le cadre des midi-conférence du partenariat Littérature québécoise mobile et du projet Archiver le présent.
«Depuis un peu plus d’une vingtaine d’années, musées et institutions accueillant des expositions font régulièrement appel à des écrivains pour leur confier un rôle curatorial. Le Louvre a ainsi offert ses cimaises à des auteurs tels qu’Umberto Eco, Toni Morrison, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Jean-Philippe Toussaint, ou encore Philippe Djian. De même, une Marie Darrieussecq ou une Christine Angot se sont vues sollicitées dans l’organisation d’expositions consacrées à des peintres (respectivement, Paula M. Becker et Eugène Delacroix). L’IMEC a de même mis en place depuis 2016 un programme de cartes blanches invitant des auteurs à mettre en valeur ses collections (Jean-Christophe Bailly, Valérie Mréjen…). Le MUCEM a, pour sa part, accueilli, à travers des expositions consacrées à Genet et, plus récemment, Giono, Emmanuelle Lambert, commissaire écrivain et dont le travail est systématiquement accompagné par l’écriture littéraire. Dans le droit fil d’une dynamique de diversification des modes d’intervention, l’écrivain commissaire apparaît ainsi comme une figure émergente au sein du monde culturel contemporain.
Ces expositions sont accompagnées de publications, tout particulièrement livresques, qui cristallisent les enjeux contradictoires auxquels ont à faire face non seulement les écrivains commissaires mais également les institutions qui les accueillent. Qu’elles se rapprochent de la formule classique du catalogue ou, au contraire, cherchent précisément à s’en éloigner pour proposer ce qui s’apparente parfois à de véritables livres d’artistes (Jean-Philippe Toussaint, Michel Houellebecq, Valérie Mréjen) ou des ouvrages à la croisée de l’essai et de l’autobiographie évoquant le processus d’élaboration de l’exposition (Marie Darrieussecq, Emmanuelle Lambert), ces publications concentrent l’un des principaux enjeux de positionnement auquel sont conduits les écrivains lorsqu’ils se font commissaires et se confrontent ainsi à un univers de création distinct. Quelles sont les différentes formules adoptées par les un.e.s et les autres à l’occasion de ces publications, quels liens entretiennent-elles avec l’exposition et leur lieu d’accueil et quels systèmes de valeurs sous-tendent ces choix ? C’est à ces différentes interrogations que cette conférence tentera d’apporter quelques éléments de réponse».
Source: http://figura.uqam.ca/actualites/lecrivain-commissaire-face-au-livre